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Réflexion sur Mitre d’Aix-en-Provence

Mitre est né en Thessalonique (région du nord est de la Grèce) en 433, et mort à Aix en Provence en 466 (dans les circonstances que je vais énumérer un peu plus tard). L’âge de sa mort (33 ans) ne peux que nous rappeler l’âge de la mort de notre seigneur Jésus Christ : 33 ans lors de sa crucifixion (même si certains historiens avancent les âges de 30 et 37 ans). Notons par ailleurs, que le chiffre 33 n’est pas un chiffre anodin en maçonnerie puisque c’est le dernier degré à atteindre dans un certain nombre de rites.

Jusqu’à ses 24 ans, Mitre vit dans sa famille aisée en Grèce. Il décide de quitter sa terre pour se rendre à Aquae Sextiae afin de vivre de charité et de dénuement. Préalablement à son départ, il se serait dépouillé de ses biens pour les offrir à des pauvres : par pure charité. Ceci n’est pas sans nous rappeler notre cérémonie de réception lorsque nous faisons de même avant de pénétrer dans le temple.

C’est ainsi qu’il se retrouve servus pretoris (domestique) chez Arvendus un préteur Romain d’Aix (préteur = magistrat romain de rang sénatorial). Ce renoncement à la liberté et cette mise en servitude volontaire a un double objectif. D’une part une volonté prosélyte avec comme objectif de convertir son maitre (un païen) au christianisme et d’autre part une volonté symbolique puisqu’il rappelle la servitude du Christ : Celui qui veut être parmi vous le premier, sera l’esclave de tous.

Le préteur Arvendus menait une double vie conjugale ce qui n’était pas en adéquation avec les idées de droiture d’un parfait chrétien comme Mitre. Ce dernier ne pouvait s’empêcher de lui faire des remarques, qu’Arvendus considérait comme désobligeantes, sur son aventure extra-conjugale. Commençant à s’en lasser, il chercha un moyen discret de faire disparaitre Mitre.

Le préteur demanda ainsi à ses autres domestiques de saccager la vigne qu’il possède à l’ouest de la ville d’Aix (l’actuel quartier de Saint mitre que j’ai évoqué précédemment) : l’idée était de ramasser hâtivement le raisin puis de le presser dans les cruches (afin d’obtenir de grandes quantités d’un vin de piètre qualité). Ces derniers s’exécutèrent. Au petit matin, lorsqu’il apprit que son plan avait été mis à exécution, Arvendus feint la colère et le nom de Mitre resonna dans tout le domaine. Arrivés autour des vignes pour constater l’étendue des dégâts : RIEN. Pas une grappe de raisin n’avait bougé, et toutes les cruches étaient vides alors que ses domestiques s’étaient affairés toute la nuit. Qu’à cela ne tienne, un nouveau prétexte fut tout trouvé pour enfermer Mitre dans les cachots de la tour romaine de la ville : la sorcellerie. Il fut condamné à mort et décapité dans la cour du prétoire. Une fois sa tête au sol, Mitre se releva pour s’en saisir, la serra contre sa poitrine et la porta jusqu’à l’autel de l’église ND de la Seds, qui était alors le siège épiscopal, ou l’eveque Basile l’accueillit. Cette légende mena mitre au martyr et à la sainteté.

J’ai également trouvé une seconde version concernant l’accusation qui a débouché sur la mise à mort de Mitre. Arvendus aurait donné les clefs de sa vigne à Mitre qui en fut nommé responsable. Celui-ci pris la décision d’offrir fréquemment des grappes de raisin aux pauvres et la ville, et fut décapité pour cette raison (accusé de vol). Dans cette version également Mitre ramassa sa tête au sol après avoir été décapité.

Quelle que soit la version de l’histoire qui soit la bonne, on peut faire une analogie intéressante entre le martyr et le vin. La vigne, symbole eucharistique, rappelle l’acte de charité suprême : celui du Christ qui a versé son sang pour venir en aide aux hommes. Saint Mitre se situe donc, comme tous les martyrs, dans l’imitation du Christ (avec la réitération du sacrifice du Christ par son propre sacrifice) mais avec une motivation symbolique supérieure.

La personnalité ainsi que la légende autour de Mitre a permis à l’église et à la ville d’Aix en Provence de se doter d’un Saint Patron à la hauteur des saints des 2 autres grandes villes provençales : Victor de Marseille et Genès d’Arles

Son sarcophage et se reliques se situe aujourd’hui (et depuis 1383) dans la chapelle Saints-Côme-et-Damien de la cathédrale Saint Sauveur à Aix (bien que ce point-là soit également sujet à discussion entre les historiens). Sur ce dernier, on voit la représentation du Christ au somment d’une montagne d’où coulent les 4 fleuves du Paradis. Autour de lui sont situés ses apôtres (debout) et 2 personnes prosternées à ses pieds : probablement les personnes à qui le sarcophage était initialement dédié. Le couvercle de ce dernier est d’inspiration plus païenne puisqu’on peut notamment y observer des génies ailés.

Je voudrais terminer cette présentation sur une phrase de l’Abbé Marbot en 1904: « Saint Mitre se fit esclave et s’abaissa prenant exemple sur son divin Maitre »

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