Gants & tabliers (Au Rite Français)
Éléments indispensables, les seuls dans certains rites, de la vêture du franc-maçon, gants et tablier sont les seuls symboles qui ne sont pas reproduits sur le tableau de loge. Ils ont aussi pour caractéristique commune d’être blancs.
Constitutifs de la vêture ils sont la marque de la qualité maçonnique de celui qui les porte.
Tels, l’uniforme des militaires, les habits sacerdotaux des prêtres, ils symbolisent l’état du franc-maçon.
Tels aussi les tenues spécifiques d’une profession (la toque du cuisinier, la blouse de l’infirmière …) qui sont certes devenus emblématiques de la profession ils sont initialement fonctionnels, pratiques, nécessaires à l’exécution du métier.
Gants et tablier sont d’abord nécessaires au travail du tailleur de pierre pour se protéger des accidents de la taille. L’évocation opérative est évidente mais telle la robe de bure du moine, l’étole du prêtre, la veste à brandebourgs du hussard, la blouse du médecin, gants et tabliers indiquent la qualité ici professionnelle, là sacerdotale, donc l’état de celui qui les porte.
La superposition des différents niveaux de signification fait des gants et du tablier plus qu’un simple rappel historique de l’origine opérative de la franc-maçonnerie moderne, elle en fait un véritable symbole.
En cela ils méritent notre réflexion afin, selon la méthode analogique applicable à la compréhension des symboles, de chercher ce qu’ils évoquent.
Je ne reviens pas sur les éléments historico-opératifs, qui dans le corps du rituel et tout particulièrement dans l’adresse du Vénérable au récipiendaire, font l’objet de commentaires et de conseils moraux.
Je vous propose plutôt d’aborder les deux autres caractéristiques qu’ils partagent.
Ils sont les seuls symboles qui ne figurent pas sur le tableau de loge.
Le tableau de loge représente l’état, la qualification spirituelle de l’espace dévolu à l’activité maçonnique. C’est un résumé représentatif (donc un symbole) de cet espace mais aussi du temps qui l’occupe.
Parallèlement les gants et le tablier représentent l’état et la qualification, non pas tant opératifs – on ne demande pas au franc-maçon d’être un tailleur de pierres – de l’homme qui se voue à l’activité maçonnique. Ils sont un résumé représentatif (donc un symbole) de cette activité humaine particulière.
Ainsi à la qualification particulière de l’espace et du temps répond une qualification particulière de l’homme.
Le mode symbolique de cette qualification particulière du monde (l’espace-temps) sous la forme de la loge représentée par le tableau de loge, répond à un mode analogue de cette qualification particulière de l’homme (le franc-maçon), symbolisé par gants et tabliers.
Le rituel constitue l’élément de réunion de ces symboles (la représentation du monde = la loge, l’homme spirituel = le franc-maçon) car il anime l’ensemble : la loge et le franc-maçon dans la loge. Notons qu’à ce titre le rituel est en soi un symbole (étymologiquement: « ce qui réunit ») et, plus précisément, le rituel est donc le symbole des symboles que sont la loge et le franc-maçon.
Si l’un des deux éléments manque, cette construction symbolique s’effondre : porter un tablier hors de la loge est ridicule, entrer en loge sans tablier ni gants est incongru.
Les deux situations sont cependant différemment inadéquates : la première est prétentieuse (l’homme revendiquant une distinction particulière dans un monde qui en ignore le sens), la seconde est indécente (l’homme approchant le sacré en restant dans une posture profane).
Voyons maintenant la troisième caractéristique du tablier et des gants: leur commune couleur blanche.
La signification symbolique, au sens moral, de la blancheur est expressément évoquée par le rituel.
Je n’aborderai donc que la question de l’évolution de cette couleur selon les grades et les rites.
Elle est peu marquée pour les gants qui, certes dans certains développements au-delà de la maîtrise, empruntent des couleurs du grade et du tablier correspondants. Mais rien ne change aux trois premiers grades qui nous intéressent ici: les gants restent blancs.
En revanche le tablier se colore au fur et à mesure des élévations de salaire dans les grades symboliques.
Certains rites dès le grade de compagnon l’enrichissent d’un liseré ou de rosettes qui annoncent la bordure bleue dont il se décore au grade de maître.
Le rite français dont le style est souvent discret ne juge pas utile d’insister sur cette progression : les compagnons sont supposés assez perspicaces pour repérer que dans leur loge ( bleue) ils passent du blanc vers le bleu manifesté au grade de maître (l’Azur pour reprendre le terme du rituel).
Il en est, peu ou prou, de même au RER, au « Rite » Emulation, au Rite d’York quant à l’Azur.
En revanche, seul le tablier du Rite Français se pare, au grade de maître, des éléments qui n’étaient jusque là représentés que sur le tableau de loge. Je reviens là sur le début de mon propos : la qualification singulière de l’homme en tant que Maçon rejoint à ce degré d’initiation que confère la maîtrise la qualification singulière de l’espace sacralisé (la loge). Ainsi, élevé à la maîtrise, le franc-maçon porte sur son tablier les symboles du tableau de loge: l’homme spirituel et l’espace-temps sacré, jusque là séparés sinon épars, sont réunis.
Je ne peux ici développer – par respect pour nos frères apprentis ou compagnons qui nous lisent- mais j’invite les maîtres à reprendre l’ instruction de leur grade : qu’ils pensent à l’endroit où se fait la marche de maître et où ils ont vécu leur élévation et à l’objet de leur travail, et ils verront alors que cette séparation de l’homme et du monde sacré, nécessaire au grade d’apprenti devient une réunion logique au grade de maître représenté par l’installation sur le tablier de maître des symboles de la loge et sur le tableau de loge de maître, de la représentation sacralisée du maçon.
Il faut à mon avis voir dans ce processus de transformation une modalité d’expression de la sublimation qu’évoque la formule « sublime grade de maître »
Cependant les gants restent blancs… ils ne connaissent pas cette évolution vers l’Azur.
A cet égard rappelez-vous mes frères votre réception au grade d’apprenti au cours de laquelle, le Vénérable remet une deuxième paire de gants au récipiendaire pour « la femme que vous estimez le plus ».
Cette question posée à l’apprenti de la femme qu’il estime le plus est souvent comprise comme l’hommage fait aux femmes, tenues à l’extérieur de la loge. Parfois aussi comme l’annonce de références chevaleresques à venir.
Mais si l’on s’en tient à la relation entre gants et tablier, symboles opératifs, et à l’évolution du tablier, qui passe du blanc à l’Azur, que peut devenir cette deuxième paire de gants, seul élément symbolique qui sorte de la loge? On ne peut imaginer qu’il retourne au monde profane, alors pourquoi n’iraient-ils pas rejoindre cette femme, estimable entre toutes, habituellement représentée drapée de blanc et d’Azur, si chère au cœur des opératifs et que, depuis la construction des cathédrales, on appelle Notre-Dame ?
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