L’Art Royal
Qu’est-ce que l’Art Royal ?
L’Obédience maçonnique à laquelle j’appartiens, s’appelle « Ordre Initiatique et Traditionnel de l’Art Royal »
« ART ROYAL », ce terme est grandement employé avec des définitions bien différentes. La première définition, classique, est celle relative à l’Alchimie, où cet Art Royal était l’art de transformer l’homme. Mais au-delà de cette notion alchimique, on trouve nombre d’autres définitions. J’ai ressorti de ma bibliothèque le « Boucher » et le « Bayard » qui étaient mes livres de chevet du temps de mon apprentissage maçonnique.
Dans le livre de Jules Boucher (ed. 1985) « Le Symbolisme Maçonnique » la définition est la suivante, c’est d’ailleurs le sous-titre de l’ouvrage : « … ou l’Art Royal remis en lumière et restitué selon les règles de la symbolique ésotérique traditionnelle ». Donc pour l’auteur, l’Art Royal est bien le nom de la Franc-Maçonnerie.
Jules Boucher fait ensuite le tour de nombreuses définitions. Une définition générale qui indique que la mise en pratique du processus initiatique a souvent été appelée « Art Royal », sans doute parce qu’elle fait de l’initié un Roi, un maître de soi et de la nature. Je reviendrai sur cette définition.
Il donne aussi cette autre expression, purement matérialiste, qui rappelle que les tailleurs de pierre avaient travaillé pour élever des chefs d’œuvre pour le compte des Rois et des Princes de l’église. C’est pourquoi ces mots « Art Royal », qui servent à désigner par analogie, la Franc-Maçonnerie, s’appliqueraient en réalité à l’Art de construire. Il donne également, et il n’est pas le seul, l’explication selon laquelle Charles II d’Angleterre, reçu maçon pendant son exil, fut élevé sur le trône en 1660 et de ce fait, la Franc-Maçonnerie fut appelée « Art Royal » parce que c’était elle qui, principalement, avait contribué à la restauration du trône.
Boucher juge cette définition trop « particularisée ».
Par ailleurs, il rejette le fait que certains contestent que l’abréviation « R.L. » se traduise par les mots « Respectable Loge », alors qu’il s’agirait, selon eux, de « Royale Loge ». Ceci n’est pas décisif pour Boucher. On partage ce rejet. On évoquerait également l’Art Royal par référence au Roi Salomon. En fait, le terme Art Royal, appliqué à la maçonnerie, indique selon Jules Boucher par là-même sa transcendance et fait transparaître le travail qu’il faut accomplir pour parvenir à la perfection de l’Art.
Prenons maintenant le livre de Jean-Pierre Bayard (« Symbolisme maçonnique traditionnel » ed. 1987.) Reprenant également, mais pour la réfuter comme trop profane, celle du Roi Charles II d’Angleterre, il précise que d’une manière générale, l’Art Royal a permis d’offrir aux fidèles les sujets de méditation propres à élever l’esprit vers le créateur, vers les sublimes réalités du nombre.
L’Art Royal c’est l’art de construire dans son intégralité.
J-P. Bayard termine son livre en disant que le grand art de la franc-maçonnerie s’appelle «l’Art Royal ». D’autres définitions ? D’autres pistes ? On peut aussi s’interroger sur la terminologie et y trouver un symbolisme dans les mots employés. Pourquoi le mot « Art » ? L’alchimie spéculative est une pratique abstraite qui touche aux choses de l’esprit. Plus qu’une science ou une technique, il s’agit d’un Art, d’une manière de penser et de vivre qui touche à l’intime, le chemin ne peut être que personnel, comme celui de l’artisan qui travaille la matière avec cœur pour la rendre belle et lui donner du sens.
Pourquoi l’adjectif « Royal » ? peut-être pour cette acception noble, cette idée de conquête d’un nouveau territoire, combat pour la connaissance. Un rappel des valeurs chevaleresques du Moyen Âge.
Je pourrais également citer l’excellent livre de Jean Solis « L’Art Royal, à quoi ça sert ? » qui cerne très bien la question. On voit donc qu’il y a de très nombreuses définitions et approches de cette notion. Pour simplifier, retenons qu’il s’agit d’une terminologie relative aux idées de l’Alchimie, de la construction de l’homme, et de l’art de la construction en général. Pour donner une idée plus personnelle de l’Art Royal, et, je le reconnais, de manière un peu chauvine, je reviens à la maçonnerie que je pratique, celle du R.O.S. (Rite Opératif de Salomon) pour rappeler que ce terme avait une telle importance pour lui que Jacques de la Personne, fondateur et créateur du R.O.S., a utilisé ce terme d’Art Royal pour le placer dans la dénomination même de notre Ordre, vecteur du Rite Opératif de Salomon, : « O.I.T.A.R. : Ordre Initiatique et Traditionnel de l’Art Royal ».
Il disait souvent que notre Rite devait faire de nous des Rois. Il insistait également sur l’importance de notre tenue vestimentaire. Pour lui, notre vêture, en loge, devait aussi contribuer à faire de nous des Rois. Et, de fait, je me souviens, qu’il y a une vingt ou trente ans, au moins dans le territoire où je travaille, le port du smoking, pour les Frères, était très courant, notamment pour les soirées d’initiation. Nos décors également, par leur richesse, sont représentatifs de cette volonté de paraître «comme des Rois ».
Cet Art est en fait une pratique. La Franc-Maçonnerie actuelle, joint la Franc-maçonnerie opérative à la Franc-maçonnerie spéculative, pour, ainsi, aller vers une spiritualité intellectuelle, le but étant le travail sur l’homme, pour faire de lui un « chef d’œuvre » (Restons modestes et ne gardons que le symbolisme de l’expression, évidemment simple clin d’œil à l’histoire et aux bâtisseurs). Cet accomplissement par un chef d’œuvre est d’ailleurs marqué, au Rite Opératif de Salomon par la fin du compagnonnage. Le Compagnon devant passer à la maîtrise, présente devant sa loge un « Chef d’Œuvre », rappel du travail des Compagnons…, rappel de l’Art Royal.
Pour conclure, je reprends la notion d’Art Royal telle qu’elle est énoncée dans le Premier Cahier du régulateur du R.O.S., celui qui parle de la Règle Spirituelle. Il est question de l’Art Royal comme « d’une démarche d’ordre global qui se rapproche d’un culte secret et intime ne comportant aucun dogmatisme et libérant par-là même l’individu de toutes les contraintes qui l’oppriment, qu’elles soient religieuses, culturelles ou doctrinales. » « C’est une science complète de l’homme jusqu’à l’obtention de l’état d’éveil parfait et de contrôle de toutes ses facultés… pour devenir une personne généreuse et dévouée, active, entreprenante et efficace et d’humeur joyeuse, car elle pratique la science du bonheur et elle connaît l’art de Vivre ».
Tout est dit, et au fond, peu importe l’origine du terme (alchimie, constructeurs, ou autre…), ce qui compte c’est d’arriver personnellement à le pratiquer, cet Art Royal, afin, dans notre vie, d’être Roi, roi de quoi ?… roi de soi, ce qui est déjà énorme et, ainsi, dans nos actions hors du Temple, savoir agir et non réagir.

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