ArticlesLes francs-maçons célèbres

Un frère nommé Mozart

Décembre 1766,
La « Getreidegasse » est une rue commerçante de la vieille ville de Salzbourg, non loin de la Cathédrale. Si l’on passe le porche d’entrée d’un immeuble bourgeois situé au numéro neuf, on tombe sur un escalier de pierre menant à un couloir étroit et obscur, au fond duquel, une porte entrouverte laisse parvenir les accords d’une musique, qui en ce lieu paraît irréelle… Ces notes, sont celles jouées par un jeune prodige âgé de dix ans, Wolfgang Amadeus Mozart. D’ailleurs, il revient tout juste d’une grande tournée où il a sillonné l’Europe. Italie, France, Angleterre, Provinces Unies, toutes les capitales et les grandes villes d’Europe ont résonné des mélodies du virtuose. Mais le jeune Wolfgang est un habitué de ce genre de représentations, sous la tutelle de son père Leopold, il se produit en public depuis l’âge de sept ans et à chaque fois il subjugue son auditoire.

C’est à l’âge de trois ans qu’il révèle pour la première fois des dons prodigieux pour la musique. On dit alors qu’il possède « l’oreille absolue » ! Ses facultés déconcertent son entourage et incitent son père à lui apprendre le clavecin, le violon, l’orgue ou encore la composition musicale. À six ans, il compose ses
premières œuvres et cinq ans plus tard il rédige son premier opéra intitulé « Appolo et Hycinthus », une comédie latine destinée à être interprétée par les élèves du lycée de Salzbourg.

En 1781, il s’installe à Vienne et bien qu’il ait quitté son poste de Maître de Musique auprès de l’archevêque de Salzbourg, sa renommée n’est plus à faire. En effet, le génial et transgressif Mozart, se produit notamment devant la cours de l’empereur Joseph II, rivalisant ainsi avec les plus grands compositeurs de son époque.

Trois ans plus tard, le 14 Décembre 1784, un évènement va profondément transformer sa vie personnelle et son rapport à la musique. Ce soir là, il va être initié au grade d’Apprenti au sein de la Respectable Loge « La Bienfaisance ». Elle était considérée comme la loge la plus précisée la capitale, composée d’un grand nombre de frères issus de l’aristocratie, de la haute bourgeoisie et du monde des arts. On y croise notamment le Baron Gottfried Von Swieten (mécène de nombreux compositeurs), le riche marchand Johann Michael Puchberg, le célèbre compositeur Joseph Hayden ou encore Otto Von Gemminghen (traducteur des œuvres de Jean Jacques Rousseau). Tous se retrouvent dans un esprit rationaliste, éclairé par les idées des « Lumières », loin de la froideur du dogme catholique. Il faut dire aussi qu’à cette époque, la haute société viennoise se passionné pour le mysticisme, l’occultisme et les mystères de l’ancienne Égypte.

Les Frères de la « Bienfaisance » pratiquent un rituel proche du Rite dit « Suedois », appelé « Système Zinnendorf » dont les influences sont multiples (Rose-croix, kabbale, chevalerie de la Stricte Observance du Baron Von Hund). Mais c’est aussi en 1784, que sera créée la « Grande Loge Autrichienne », avec la bénédiction de Joseph II, qui contrairement à sa mère la très pieuse Marie Thérèse, voit dans la Franc-Maçonnerie un soutien à ses idées libérales et opposées à la suprématie papale. Mais l’entente sera de courte durée, un an plus tard, en 1785, l’empereur décide d’entreprendre une grande réforme des activités maçonniques au sein de l’empire, afin de mieux les contrôler. Ainsi les huit loges viennoises vont devoir fusionner afin de n’en former plus que deux !
« La Bienfaisance » s’alliera avec deux autres loges, formant ainsi « l’Espérance nouvellement couronnée ». Mozart obtiendra le grade de Compagnon le sept janvier 1785, et celui de Maître peu de temps après, durant la même année. Très vite, me jeune Wolfgang occupe le poste de Compagnon Musicien, rédigeant ainsi de nombreux morceaux et des cantates destinées au rituel maçonnique. Au sein de sa Respectable Loge, il fréquente le clarinettiste Anton Staddler, avec qui il va expérimenter un très grand nombre de combinaisons sonores autour de la clarinette. Les activités maçonniques de Mozart vont profondément enrichir sa recherche musicale. Il dira même que la clarinette est le véritable « écho de la voix humaine ». On raconte aussi que son premier contact avec la Franc-Maçonnerie fut bien antérieure à la date de son initiation. À l’âge de 11 ans, il tomba malade, frappé par une épidémie de variole. En convalescence dans la petite ville d’Olmutz, il sera soigné par un certain Docteur Wolf, Franc Maçon lui aussi. Après sa guérison, le médecin demandera au petit prodige de lui mettre en musique un petit texte intitulé « Joie reine des sages ». Il sera finalement joué et chanté en Loge sans que Mozart n’en sache rien… !

Vienne, 30 septembre 1791.

Ce soir là, bourgeois, commerçants, vallées, aristocrates et membres de la cours impériale se pressent pour assister à la première représentation du nouvel opéra de Mozart, « La flûte enchantée ». L’encre de la partition est encore fraîche, il a terminé la rédaction la veille, tard dans la nuit. Il va diriger son œuvre depuis le clavecin. Le rideau se lève, et un temple maçonnique apparaît ! Les héros Tamino et Pamina vont devoir traverser ensemble une série d’épreuves initiatiques, guidés par la Reine de la nuit ou Papagano, un oiseleur parlant le langage des oiseaux. Dans cet opéra, véritable ode maçonnique, les références sont manifestes et à peine voilées ! D’ailleurs, il s’est notamment inspiré d’une composition rédigée quelques années auparavant et intitulée « Thamos, Roi d’Égypte », que lui avait commandé le Baron Philipp Von Gebler, Franc Maçon et membre important du gouvernement impérial.

Même si la « Flûte enchantée » constitue l’opéra maçonnique par excellence, c’est en réalité toutes ses compositions rédigées depuis son initiation qui seront empreintes de l’idéal maçonnique. L’emploi des « retards » pour traduire le compagnonnage, les harmonies ternaire et les triples accords pour mettre en valeur le sens particulier du chiffre trois. Les rythmes et harmonies pour symboliser la force ou la beauté, la prédominance des instruments à corde et à vent, sont ceux que l’on retrouve sur la colonne d’harmonie. Les trois grands opéras qu’il composera après son initiation, sont chargés de références aux trois premiers degrés maçonniques : « les Noces de Figaro » (Apprenti), « Don Juan » (Compagnon) et « Così Fan Tutte » (Maitre).
La « Flûte enchantée » étant une ouverture au-delà de ces trois premiers degrés, une évocation de certains « hauts grades ». Mais Mozart souhaite aussi diffuser une idée très controversée au sein des loges de son époque : la mixité et l’initiation des femmes… !

Le 5 décembre 1791, accablé par les dettes et la maladie, Wolfgang Amadeus rejoindra l’Orient éternel. C’est le frère Gottfried Von Swieten qui se chargera des funérailles. Faute d’argent, il ne recevra qu’un modeste service funèbre à la cathédrale Saint-Étienne de Vienne, sans messe ni musique… . Son corps sera déposé dans un tombeau communautaire, l’inhumation la moins coûteuse. Il laissera derrière lui un Requiem inachevé mais il terminera tout juste avant sa mort, la petite cantate maçonnique « l’éloge de l’amitié », destinée à être jouée pour l’inauguration du nouveau temple de Vienne.

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