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Les textes fondateurs, 4ème partie : Le manuscrit Sloane

Retour en cette rentrée de septembre sur notre série consacrée aux textes fondateurs de la Franc-maçonnerie. Après avoir présenté les anciens devoirs, les statuts Schaw et le manuscrit d’Édimbourg, nous découvrons aujourd’hui le Sloane 3329 de son nom de classement au British Museum. 

Épisode 4, le manuscrit Sloane

Ce quatrième document des textes fondateurs de la Franc-maçonnerie a la particularité d’être le premier établi en Angleterre. Contrairement à ce que son nom peut laisser imaginer, il n’a pas été écrit par Sir Hans Sloane mais était détenu par ce dernier dans son impressionnante bibliothèque. Ce collectionneur irlandais, d’origine écossaise, avait une passion pour les objets d’histoire naturelle et c’est d’ailleurs dans le cadre de ses recherches en botanique et pharmacie qu’il s’installera à Londres. Il rejoint alors en 1685 la très réputée Royal Society dont il deviendra en 1693 Secrétaire puis en 1727 Président, succédant à Isaac Newton. Il est difficile de trouver de manière incontestable un lien direct entre Sir Hans Sloane et la Franc-Maçonnerie. On ne sait pas s’il fut initié ou pas. La proximité entre le tout jeune ordre anglais et la Royal Society est reconnue et ne fait aucun doute, de Newtown à Désagulier, Sir Hans Sloane a donc côtoyé au sein de cette renommée société d’étude scientifique des maçons parmi les plus éminents de son époque et il fut surprenant que dans ce contexte il n’eut pas été approché et/ou initié.

Néanmoins qu’il fut juste un collectionneur avide de connaissances ou un collectionneur éclairé, l’importance et la richesse de la collection qu’il avait, au fur et à mesure du temps, regroupée est exceptionnelle. Il la légua au British Museum d’où le nom Sloane 3329 du document qui nous intéresse aujourd’hui. Ce dernier fait partie d’une série de trois documents maçonniques écrits de 1646 à 1700. Le premier document de 1646 intitulé Sloane 3848 est une copie du “Manuscrit Grand Lodge 1” de 1583 auquel vient s’ajouter les précisions sur le fait que tout maçon doit être fidèle à Dieu et à la sainte église ainsi qu’être en tout temps loyal au Roi. Enfin le document référencé 3848 confirme l’absolue confidentialité des événements déroulés en tenue.

Le second document (Sloane 3323), est un conséquent manuscrit de 328 pages rédigé par de nombreux auteurs et dont l’édition est datée 1659. Il relate les questions liées à la légende de la construction du Temple ainsi qu’à Euclyde.

Enfin, le dernier des trois textes, le 3329 fut rédigé sans plus de précision entre 1640 et 1700 et comporte deux parties, la première dévoile les signes de reconnaissance maçonnique alors que la seconde est une simple instruction de degré. Si cela peut paraître anodin il n’en est rien et le Sloane 3329 est sans doute l’un des plus fondamental texte dans le cadre de la structuration moderne de la franc-maçonnerie exclusivement du fait qu’il présente pour la première fois une pratique en trois grades, apprentis, compagnons, maîtres, alors que par le passé les termes de compagnon et de maître étaient de simples synonymes définissant un même grade. Également, le Sloane définit les différents mots et signes de maçon associés à ces deux degrés.

Il est amusant d’ailleurs de constater qu’en ces temps, les signes maçonniques s’adaptaient aux lieux ou circonstances dans lesquels deux francs-maçons pouvaient se croiser. Ainsi il y avait un signe pour saluer avec son chapeau, un autre lorsque l’on boit un verre mais également un qui décrit comment se faire reconnaître en jetant son mouchoir par-dessus son épaule ! À cela venait s’ajouter la démarche par trois pas interrompus d’une pause avec les pieds en équerre et bien d’autres poignées de mains inédites qui rendraient notre vie quotidienne contemporaine tout à fait incongrue voire parfaitement ridicule. Heureusement, toutes ces pratiques ont été épurées et les maçons de nos jours peuvent se reconnaître d’une manière beaucoup plus discrète et simple à retenir !

Mais revenons à notre dernier document.  Ce manuscrit contient une instruction de grade sans plus autres particularités que celles liées à son temps. Il est toutefois répondu à la question “qu’est-ce qu’une loge juste et parfaite ou juste et légitime?” que deux apprentis, deux compagnons et deux maîtres la rendent juste et légitime, soit six frères seulement et en proportion égale par grade. Plus encore, il est stipulé qu’en cas de nécessité, cinq frères peuvent être seulement nécessaires incluant un seul maître. 

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Alexis AT

Français expatrié à Moscou *** Grand Inspecteur National en charge du développement Europe de l'Est @ GLTF

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