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Hermetisme & franc-maçonnerie

Nous allons aujourd’hui parler d’hermétisme et de la Franc-Maçonnerie. Nous pourrions l’aborder pendant des heures, tellement les ressources existantes à ce sujet sont vastes, et les approches multiples à cet égard. Oswald Wirth, directeur pendant de nombreuses années de la revue Le Symbolisme et maçon reconnu, traite par exemple ce thème suivant une dimension symbolique commune dans son ouvrage appelé « Le symbolisme hermétique dans ses rapports avec l’alchimie et la Franc-Maçonnerie » jusqu’à établir l’existence d’une relation manifeste dans la suite des opérations alchimiques et la succession des épreuves qu’ont à subir les francs-maçons dès l’initiation. Outre l’hermétisme, nous voyons ainsi une nouvelle notion apparaitre : « l’alchimie ». Une nécessaire définition des termes s’impose alors à nous avant d’aller plus loin.

L’hermétisme est une doctrine issue d’Égypte et désignée sous les noms d’art hermétique ou d’art sacré. Elle tire son origine de nombreux ouvrages consacrés au Dieu gréco-égyptien Thot Hermès, nommé comme tel par les Grecs selon le principe de l’interpretatio graeca en donnant le nom de leur dieu Hermès à la divinité égyptienne Thot. Selon une légende accréditée par l’astrologue persan Albumasar vers 850 dans son Introductorium majus, il existe trois Hermès. Le premier Hermès serait petit-fils d’Adam, il aurait vécu en Égypte avant le déluge. Le deuxième Hermès aurait vécu après le déluge à Babylone, il connaissait la philosophie, la médecine et l’arithmétique et fut le maître de Pythagore. Le troisième Hermès, le dit Trismégiste pour « trois fois plus grand », est celui à qui l’on attribue l’hermétisme et la détention de toutes les connaissances. Il aurait vécu en Égypte, pratiqué la philosophie naturelle et la médecine, et inventé l’alchimie, une science plus tard interprétée comme la recherche de la transmutation des métaux en or et de la panacée universelle, mais qui correspondait plutôt à l’art de fabriquer de l’or.

Doctrine strictement philosophique et littéraire, l’hermétisme a connu un certain succès dans le monde antique et au Moyen Age, où elle s’essaya à adapter les moyens d’expression de la philosophie à la pensée traditionnelle, l’alchimie spirituelle. Le premier principe de l’enseignement hermétique est ainsi l’unité. On en trouve notamment la preuve et l’énoncé dans la Table d’Émeraude, texte très court retrouvé, selon la légende, dans le tombeau d’Hermès Trismégiste, et composé d’une douzaine de formule allégoriques dont les plus célèbres sont : « Ce qui est en haut, est comme ce qui est en bas. Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut. » Comprendre ici : tout ce que possède le macrocosme, l’Homme le possède aussi. Cela sous-entend notamment un principe fondamental de l’hermétisme basé sur l’immanence, la présence en l’Homme de tous les possibles. Ceci est détaillé dans une seconde formule : « Tu es Tout… Tout est en toi. » et se modélise à travers une troisième « Toutes les choses sont et proviennent d’Un, par la médiation d’Un. Toutes les choses sont nées de cette chose unique », le tout formant un symbole fort de l’hermétisme par la représentation d’un cercle u s’achevant en lui-même, ou d’un serpent qui se mord la queue (ourobouros). Ce symbole exprime le principe du premier unitaire, le Dieu ineffable, le germe, la Grande source, il contient le commencement et la fin.

L’hermétisme comme doctrine aura enfin servi d’étiquette à diverses autres doctrines, hétéroclites tant sur le fond que sur la forme, mais qui avaient cependant un caractère en commun : l’ésotérisme, à savoir donc l’ensemble des enseignements secrets réservés à des initiés. L’alchimie et la gnose paraissent avoir été les points forts de cette diversité. On les retrouve notamment au cours des siècles suivants dans des courants basés sur un symbolisme fondamental et reposant sur des rituels, le tout créant une « ambiance initiatique ». D’un mouvement religieux à ses débuts, la Gnose bénéficia par exemple de toute la tradition alchimique et de la terminologie hermétique dans son développement pour se manifester, plus tard dans la doctrine des Fraternités de Rose-Croix, ces sociétés secrètes initiatiques qui nous avaient été présentées dans une planche par notre Frère Alexis. Ces sociétés exercèrent une grande influence sur la Franc-Maçonnerie et laissèrent de nombreuses traces qui relèvent de l’alchimie et de l’hermétisme. Le mot V.I.T.R.I.O.L. par exemple, inscrit sur les parois du Cabinet de Réflexion, est formé par les initiales d’une formule hermétique. Le dépouillement des métaux lors de l’initiation relève quant à lui de la plus pure technique de transmutation alchimique. La lettre G, ornant tous les temples maçonniques, représente de même l’initiale du mot gnose placée au centre de l’étoile flamboyante, pentagramme régulier construit d’ailleurs par Pythagore. Enfin, la représentation hermétique en Loge des trois principes et des quatre éléments des alchimistes que sont le soufre (Vénérable), le mercure (1er Surveillant), le sel (2ème Surveillant), le feu (Orateur), l’air (Secrétaire), l’eau (Hospitalier) et la terre (Trésorier), clôturent la démonstration de l’alchimie en tant qu’influence présente dans l’Ordre Maçonnique car manifestement incorporée dans les trois premiers grades.


L’alchimie a en commun avec la Maçonnerie le développement intérieur, tendant vers la perfection, que les alchimistes considéraient comme l’objet de leurs efforts, puisque la Nature n’avait pas achevé son œuvre et que l’adepte devait donc compléter. De même, la Maçonnerie n’octroie pas la connaissance en soi, sinon qu’elle montre les symboles et indique les voies pour y accéder. Celle-ci s’atteint par l’expérience que procure un apprentissage graduel et
hiérarchisé, en appliquant notamment les rites ancestraux.

Ainsi, l’hermétisme avec sa suite d’opérations alchimiques d’un côté, et la succession des épreuves qu’ont à subir les Francs-Maçons de l’autre, reposent sur une même symbolique. Les mêmes données initiatiques se traduisent par des allégories empruntées, les unes à la métallurgie, les autres à l’art de bâtir. Pour ne prendre que deux exemples empruntés à Oswald Wirth, dont je parlais en introduction, l’abandon des métaux à la porte du Temple comme on l’a vu, coïnciderait à la suppression de toute impureté sur la Matière, et la présence du cabinet de réflexion, serait, elle, la représentation de l’œuf philosophale hermétiquement fermé. Si l’on allait au bout du processus, et que l’on souhaitait apporter une première conclusion dans la comparaison de l’ensemble des symboliques, l’aboutissement de la véritable initiation maçonnique correspondrait finalement au passage à la maitrise. La Franc-Maçonnerie serait, de ce point de vue, une transposition idéale de l’alchimie en travaillant sur la quête de l’or spirituel pour transformer l’Homme « ignorant » en Homme « instruit ». La
force, la sagesse et la beauté par le soufre, le sel et le mercure.

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Jean-Baptiste Kléber

www.jeanbaptistekleber.com

Une réflexion sur “Hermetisme & franc-maçonnerie

  • Berthelot-safar Lucien

    Merci j’ai regardé BAM et j’ai enfin trouvé compris donner un sens à ma vie je me reconnais dans tellement de choses j’aimerais en apprendre davantage et si possible participer à cette construction. Merci

    Répondre

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