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Le Jazz et la Franc-Maçonnerie

Beau sujet que le Jazz et la Franc-Maçonnerie, tant les deux mouvements semblent à première vue ne rien avoir en commun. Cependant, les deux histoires sont très fortement liées. Je vous propose d’en survoler rapidement l’origine, les figures marquantes, la Franc-maçonnerie blanche versus la Franc-maçonnerie noire et enfin ce qu’il reste aujourd’hui de cet héritage.

Les Origines

Le jazz a été inventé aux États-Unis à la fin du XIXe siècle et a révolutionné le monde musical, puisant dans ses racines africaines et son métissage avec la culture européenne. Sans revenir sur l’histoire du Jazz, celui-ci s’est très diversifié au cours du temps et comprend différentes branches comme par exemple le Swing, le Bebop, le Cool Jazz, le Hard Jazz, le Jazz-Rock, le Mainstream, La Soul, le Funk et plus récemment l’Acid Jazz.


Pourtant, on ignore qu’une grande partie de ses créateurs, si ce n’est la majorité, ont été membres de la franc-maçonnerie américaine noire, dite franc-maçonnerie Prince-Hall.

Prince Hall (1735 – 1807) est un afro-américain, militant des droits civiques, abolitionniste, affranchi et initié en 1755. Il est considéré comme le fondateur de la franc-maçonnerie afro-américaine des États-Unis, dénommée « Franc-maçonnerie Prince Hall ».

De nombreux musiciens s’y sont dirigés, dans le secret, comme Louis Armstrong, Duke Ellington ou Count Basie pour ne citer que les plus célèbres.

Aux États-Unis des citoyens noirs avaient repris au tournant du XVIIIe et du XIXe siècle l’idéal maçonnique – même si celui-ci était identifié à la suprématie blanche – pour créer la puissante et passionnante maçonnerie de Prince Hall. Ce mouvement devint une obédience à part entière suite au refus des frères américains blancs de les accueillir parmi eux – beaucoup étant eux-mêmes propriétaires d’esclaves – prétextant que les Constitutions d’Anderson interdisent l’initiation «aux femmes, serfs, handicapés et esclaves».

Pour les musiciens, la franc-maçonnerie représentait alors un employeur important. En effet, pour faire passer leur message, asseoir leur image ou simplement lever des fonds, les loges organisaient des concerts engageant alors les meilleurs artistes.

Il suffit de consulter les feuilles de route d’un big band de jazz dans les années 1930 pour constater que les temples maçonniques ou les “masonic halls” sont des lieux de travail primordiaux. Et c’est cette maçonnerie qui fut le creuset de tous les mouvements d’émancipation noire. La FM est l’un des socles de la lutte pour les droits civiques qui éclatera au grand jour avec Martin Luther King et Malcolm X.

Figures marquantes du jazz en maçonnerie ?

Les indices de l’appartenance des musiciens parmi les plus célèbres sont assez faciles à discerner : des bagues portant les «outils» chers aux maçons, des paroles de chansons ou des titres de morceaux symboliques. Amusez-vous à rechercher ces indices chez Nat King Cole, Count Basie, Duke Ellington, Dizzy Gillepsie, Cab Calloway, Kenny Clarke, Oscar Peterson, Sun Ra et même Louis Armstrong.

Berry Gordy, mythique fondateur de la maison de disques et du label Motown, serait lui aussi un Frère. Il révéla de nombreux talents, dont Marvin Gaye, Stevie Wonder, The Temptations, The Jacksons 5, The Supremes, The Four Tops, Smokey Robinson, Lionel Richie, Otis Redding, Aretha Franklin … et bien d’autres encore. Rappellons les premières paroles de la chanson mythique et prémonitoire de Marvin Gaye ‘What’s going on’ sur l’album éponyme : «Brother, Brother…»

Il faut comprendre que la maçonnerie de Prince Hall cherchait à recruter dans tous les domaines des personnalités qui œuvraient pour l’émancipation des noirs. Dans le domaine musical, la liste des musiciens de jazz est très importante et trop longue à citer, mais elle comporte toutes les facettes de cette expression, du gospel au blues et passant par la Soul et le Funk ; et en passant par tous les instruments et toutes les formations.

Certains parmi les plus célèbres, Duke Ellington, W.C. Handy, Lionel Hampton ont accédé au plus haut grade de la pyramide de Prince Hall, montrant leur grand engagement personnel.

Pourquoi les deux maçonneries, noire et blanche, n’ont pas entamé de processus de rapprochement ?

Il faut comprendre que «Prince Hall» et les jazzmen ont musicalement été séduits par cette caractéristique a développer le sens de la fierté noire qui culminera dans les années 1970 avec le mouvement d’afro centrisme de recherche intellectuelle et esthétique pour replacer l’Afrique au centre de leurs préoccupations et de leur culture.

Et ce ne fut pas qu’une posture puisqu’ils implantèrent des loges notamment au Libéria ou en Haïti. L’un des créateurs du mouvement «rasta» John Nathaniel Hibbert fut initié en 1924 au Costa Rica à l’Ancien Mystic Order of Ethiopia, une obédience liée à la Prince Hall Masonry.

Cette revendication de la beauté de la culture noire initiée par Prince Hall et les fondateurs de la maçonnerie noire, entre en totale résonance sonore avec le jazz. Ces frères ont développé la primauté d’une pensée nationaliste et afro centriste. Ils tiennent comme preuve de leur légitimité face aux maçons blancs, l’origine africaine de la maçonnerie universelle, la reine de Saba n’est-elle pas l’épouse mythique du roi Salomon, constructeur du temple de Jérusalem?

Et aujourd’hui ?

Ce n’est qu’a la fin du XXe siècle que la Grande Loge unie d’Angleterre puis de très nombreuses Grandes loges blanches des États-Unis décidèrent de la reconnaître comme l’une des composantes de la franc-maçonnerie aux États-Unis d’Amérique.

Pourtant lorsqu’une nouvelle génération arrive avec le be-bop, elle semble se détourner de la maçonnerie pour se diriger vers l’islam, bien que quelques artistes plus contemporains soient réputés maçons, comme Jay-Z, Nas ou encore Kanye West.

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Jean-Baptiste Kléber

www.jeanbaptistekleber.com

2 réflexions sur “Le Jazz et la Franc-Maçonnerie

  • Excellent article qui fera peut être l’objet d’une planche
    Cordialement

    Répondre
  • Eddy Arthur Didier Bodou

    Et Michael Jackson était il un frère de lumière ?

    Répondre

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